Le Père Noël est une ordure

Publié le par DonaSherif

Thème d'écriture : et si on changeait la tête du Père Noël pour une fois ? ;)

 

 

 

« Ce n’est pas un soir comme les autres. Ce soir, c’est le soir de Noël. Aujourd'hui, le père Noël est fatigué, il a décidé de ne donner qu'un seul cadeau à chaque enfant. Et ce cadeau sera le même pour tous. Mais ce sera le plus beau.

Le Père Noël est fatigué, car il a beaucoup combattu pour arriver à cela : offrir le même cadeau à tous les enfants de son pays. Toutefois, son enthousiasme prend vite le pas sur sa lassitude et bientôt, par-delà les monts enneigés du Zugspitze ..., par-delà les villes qui s'agitent en tout sens, par-delà les églises qui chantent le dieu Odin, les étals de marchands qui regorgent de friandises, par-delà... »

 

— Oui, mais c’est quoi le cadeau ?

Maman arrête de lire.

— C’est quoi le cadeau de tous les enfants ? demande le petit garçon.

Il est difficile d’imaginer, pour un petit garçon de son âge, ce que peut être un cadeau commun.

— Eh bien ! Réfléchis un peu, dit maman, avec un grand sourire comme il aime.

Ce sera notre leçon du jour.

 

Maman aime faire les leçons. Comme Papa.

— Quel est le plus beau cadeau que tu aimerais avoir ?

— Je voudrais un Panzer III ! répond l'enfant dans un enthousiasme délirant.

Maman rit.

— Je voudrais un Panzer III pour jouer à faire la guerre avec mes frères et ma sœur !

— Mais non ! Un char d’assaut ne te servirait à rien pour construire ta vie d'homme dans notre jardin, sourit maman. Réfléchis encore.

 

Il sait que ce n’est pas un vrai Père Noël, ce père Noël-là. C’est le père de tout le monde. Maman a expliqué. Le vrai père Noël n'existe pas. Ce qui existe, ce sont les hommes, comme son père et sa mère. « Et la nation ».

— Je voudrais une nation !

— Oui ?

— Une nation forte et une nation prospère ! Je veux être un guerrier !

— Voilà qui est beaucoup mieux ! dit Maman.

Il sait qu’elle aime l’entendre parler comme cela. C’est comme Papa. Papa est fier de lui quand Günther fait le signe de la main levée. Toujours, il dit, en le regardant droit dans les yeux :

— Günther, n’oublie jamais que tu es de la race des Seigneurs, jamais !

— Alors, pour toi Günther, quel est le plus beau cadeau qu’on pourrait offrir à tous les enfants de la nation ? demande Maman.

— Un guide, maman. Pour mener le pays des Seigneurs vers sa toute puissance.

— Oui, Günther. C’est très bien.

Alors, Günther fait le signe de la main levée avec Maman. Maman dont les yeux brillent d’admiration et débordent d'un amour confiant.

 

Le pain d'épices abonde dans les corbeilles. Les cadeaux enturbannés jonchent le sol, autour du sapin. Il en aura quand même des cadeaux, Günther  : un Panzer III miniature, des chaussettes de ski et du Baumkuchen en bûchette, cette sucrerie aux amandes dont il raffole.

 

Frau Krugger finit de décorer le sapin de Noël.

L'avenir a déjà beaucoup changé. Et le cœur plein d'espoir, elle accroche aux branches les svastikas décorés du slogan « Salut à la victoire », les canons et mitraillettes en sucre que les pâtissiers ont offert à toute la ville, en faisant tinter leurs verres de vin chaud contre ceux de leurs clients.

C'est un beau Noël. Un beau Noël qui résonne dans la nuit blanche, au rythme d'une chanson dont les versets, égrenés par le gramophone nasillard, célèbrent le vrai Sauveur, le seul à monter la garde au cœur de la « Douce et calme nuit. » Un Stille nacht exaltant. L'oriflamme du Verwaltungsbau der NPA pointe son dard vers ce grand pays là-bas, dont ils ont tous besoin : Polen. La Pologne.

Le Chef a raison : « Ein volk, ein reich, ein Führer », ce sont les plus beaux cadeaux pour une nation.

 

 

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J
super! (enfin, disons, glaçant!)
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D
Merci, Jeff ! Oui : glaçant.<br /> J'ai essayé de montrer de quelle manière le petit garçon était endoctriné. Et ça passe surtout par la maman...