Ensemble (version courte)

Thème : deux personnes qui se détestent se retrouvent sur une île déserte.

La version longue est disponible dans la catégorie "Nouvelles".

Un bon souvenir, n'est-ce pas, Béné ? :) Merci pour cette lecture !

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Que d'eau ! C'était bien une île, perdue au milieu de l'océan, autour de laquelle tournoyaient des albatros, striant les airs tumultueux de leurs cris rauques. Des palmiers déchiquetés par les vents bordaient la plage, la jungle en tapissait le fond... Et l'eau de source ? Où en trouver ? Ils n'avaient qu'une gourde et quelques biscuits intacts dans un étui métallique. Comment allaient-ils survivre ?

– C'est un îlot rocheux. Y'a rien ! Ni personne ! s'écria Peter.

– Ben alors ! Moi ça me fait pas peur ! ironisa Claire.

Malheureusement, ils avaient fait naufrage. Malheureusement, ils étaient les deux seuls survivants. Malheureusement ils se haïssaient depuis toujours.

Claire avait une aversion innée pour Peter. C'était un mâle, de la plus pire espèce : inconscient, machiste, belliqueux et présomptueux. Peter avait toujours détesté cette fille. Claire était une femelle de la pire espèce : coquette, prétentieuse, toujours prête à humilier son partenaire et à tout faire pour s'attirer la sympathie des autres. Ca faisait longtemps qu'ils se connaissaient et Peter avait fait bien des efforts pour la supporter mais elle prenait toujours le dessus sur lui avec ces intelligences de fille, maligne et trompeuse, tout en perfidie.

– On va faire un radeau avec les troncs de cocotiers. Il faut aller fouiller dans l'épave et trouver de quoi les tailler.

– Il faut d'abord tracer des lettres sur le sable, pour appeler du secours ! Il y a bien des avions qui passent par là ! renchérit Claire.

Ils se mirent à la tâche. Leur survie en dépendait et pour une fois, ensemble, ils avaient eu de bonnes idées.

Ils se désaltérèrent du jus d'une noix de coco. Peter avait percé la coque avec un outil repêché dans les flots.

– Il faut manger aussi !

– Ben vas-y, chasser ! rétorqua Peter.

– Mais faut que tu viennes !

– Ben non, moi je fais le radeau, toi tu fais les courses. Comme ça, c'est partagé ! C'est de la parité !

Peter avait souvent entendu ce mot sans vraiment se rendre compte de ce qu'il voulait dire. Aujourd'hui, placé dans des circonstances extraordinaires, il le comprenait bien. Fallait qu'elle fasse ses preuves aussi. Il connaissait, par nombre de récits, les dangers qui habitaient ces flores exotiques. Il pouvait y avoir des espèces animales venimeuses ou monstrueuses...

Claire prit son courage à deux mains. Elle allait lui montrer. Et de quoi de lui en mettre plein la vue encore !

Elle s'enfonça dans la masse sombre de la jungle. Des bruits d'animaux qui broient, qui rampent l'effrayèrent et un bruit... énorme, la tétanisa aussitôt ! Ce qu'elle vit... dépassa, non pas son imagination, mais le fait même qu'elle puisse imaginer cette idée. C'était... un dinosaure ! Un mastodonte gigantesque fonçait sur elle !

– Peter ! cria -t-elle de toutes ses forces ! épouvantée.

Mais c'est un étranger qui sortit des bois, une haute silhouette, tout de noir vêtue qui la regardait, ironique.

Peter arriva sur l'entrefaite  :

– Non, non ! Tu as franchi le périmètre de sécurité, cria-t-il à l'indigène qui ne sembla pas du tout réagir à cette impérieuse déclaration.

– De quoi le périmètre de sécurité ? répondit flegmatiquement le nouvel arrivant.

– Ben c'est là que s'arrête la frontière ! Tu peux pas passer sans avoir fait le serment !

– Ah ouais d'ac ! C'est naze ton truc ! dit le grand escogriffe amusé.

Il fixa Claire et Peter et ajouta :

– Ouais, vous avez intérêt à ranger le jardin avant que Papa arrive. Il aime pas qu'on sorte ses outils comme ça. Vous risquez de vous faire sacrément engueuler.